Mise au point méthodologique pour l'étude Ethnogéographique
Savoirs géographiques vernaculaires et territoires en mutations
Savoirs géographiques vernaculaires et territoires en mutations
La première étape du cours s'est intéressée à la mise en place d'une problématique générale issue d'études en ethnogéographie de l'environnement. Il était notamment question d'étudier des enjeux et des conflits autour des ressources naturelles convoitées dans le cadre d'extractions industrielles (de bois, d'énergie, d'eau, etc...) dans les territoires de communautés "subalternes", de minorités ou de peuples dits "autochtones", "pueblos indigenos" de l'Amérique latine, "peuples premiers" du canada ou Tribus de l'Inde etc...
L'étape suivante serait d'essayer d'approfondir la notion des savoirs géographiques vernaculaires, afin d'arriver à mieux appréhender la perception qu'ont les peuples de leur territoire.
Comprendre la perception qu’ont les sociétés des objets géographiques et de leurs territoires.
Rendre compte du savoir géographique vernaculaire d’une culture orale.
Démarche entreprises par des géographes et des ethnologues pour élargir la compréhension des comportements des hommes vis à vis de l’environnement.
La géographie se situe au cœur de la construction des identités collectives.
Compréhension des dynamiques de redéfinitions culturelles, identitaires, spatiales en cours.
Afin d’apporter des éléments de réflexion sur l’évolution contemporaine des sociétés. Toutes les minorités connaissent aujourd’hui, une phase de profonde mutation culturelle qui affecte aussi le contenu de leurs savoirs géographiques.
Le cas des Inuits étudier par A. Leroi-Gourhan puis par B. Collignon expose avec clarté l’intérêt de l’etude des savoirs géographiques vernaculaires pour comprendre les transformations socio-spatiales en cours.
Comparaison entre différentes minorités, peuplant différents milieux et toutes confrontés à des cultures allogènes dominantes.
Démarche ethnogéographique comprenant une géographie des perceptions et une géographie culturelle.
La notion d’espace vécu fut d’abord définie par A. Frémont 1976 dans une géographie de des perceptions pour laquelle, les hommes vivent leurs rapports à l’espace en fonction de leur sensibilité, de leur histoire et de leur psychologie propres. Représentation individuelle et collective de l’espace
Prise en compte de l’expérience subjective dans l’étude des représentations hommes-lieux, compréhension des modalités d’anthropisation des milieux physiques.
Représentations individuelles et collectives, qui permettent d’identifier les aspects culturels du rapport au milieu.
Géographie culturelle de P. Claval 1995
Fondements culturels de la relation à l’espace et au milieu, insiste sur les valeurs attribuées à l’espace par ceux qui l’habitent, sur les pratiques et la transmission des héritages.
Pour Collignon, un savoir géographique peut se définir comme un ensemble de connaissances qui, mobilisées conjointement, fournissent à ceux qui le produisent une interprétation cohérente de l’œcoumène ou d’une partie de celui-ci.
I. Etude de l’organisation sociale d’un groupe (peuple, minorité etc…)
Introduction et contexte
Introduction
a- Définir les particularité de la communauté en question
Particularités de la minorité en question
Groupe ethno-linguistique
Répartition de la communauté dans un espace par rapport aux autres groupes sociaux
Démographie
Organisation socio-spatiale (dépend du type de société de chasseurs, chasseurs-ceuilleurs, pasteurs nomades, essarteurs, agriculteurs…)
Activités productives
Cycles agricoles, cycles du nomadisme
Système d’occupation du territoire
Territoire, identité et appropriation
b- Administration du territoire allogène
Processus de sédentarisation
Encadrement administratif
Nouvelle répartition de la communauté
II. Méthode et sources
a- L’approche des connaissances non discursives : observation participante / enquête et entretiens
L’enquête toponymique
L’analyse de la tradition orale
Sources écrites : recueils
Sources orales
b- Cartographie autochtone
Les techniques cartographiques ont permis le développement de revendications territoriales, d'une géographie culturelle et d'une gestion des ressources (Harley and Woodward, 1987 ; Harley, 1988 ; Peluso, 1995). Elles ont produit plusieurs travaux remarquables : Nunavut Atlas (1992), Wet’suwet’sen and Gitxsan (Sparke, 1998). La cartographie biographique (MS Weinstein) s'est même appuyée sur la perception autochtone de l'histoire et de ses traditions.
Sur le plan conceptuel, les traditions multiples ou alternatives de cartographie ont été soutenues, à divers degrés, par des géographes (Chapin et al., 2001; Harley and Woodward, 1987; Lewis, 1998; Louis, 2004; Pearce, 1998; Rundstrom, 1987; Sparke, 1998; Woodward and Lewis, 1998). Toutefois, la cartographie autochtone étant transmises par les chansons, les histoires, les rituels ou des expériences vécues (telle que la chasse), elle est rarement reconnue comme une représentation cartographique à part entière.
Comme Rundstrom (1998) le fait observer, la cartographie dite scientifique se fonde sur des principes cartésiens et newtoniens dont l'épistémologie s'accommode mal des caractéristiques de la pensée autochtone : non-anthropocentrisme, concept cyclique du temps, construction des connaissances géographiques plus synthétique qu'analytique, pensée non binaire, imbrication des faits et des valeurs, emphase sur la transmission orale, omniprésence de l'éthique dans les actions portées sur un territoire. Jay T. Johnson, Renee Pualani Louis et Albertus Hadi Pramono (2006) s'appuient sur les travaux de Paulo Freire (2000) pour commencer une lecture critique des valeurs cartographiques implicites, par les Aborigènes.
Un aspect des projets cartographiques autochtones illustre bien cette problématique : la perte d'informations dans la transcription de frontières fixes (Brody, 1982; Chapin, 1998; Chapin et al., 2001; Fox, 1998; Kosek, 1998; Peluso, 1995; Rundstrom, 1998). Tandis que les communautés autochtones admettent des frontières souples et mouvantes pour l'usage des ressources, la fixation de limites définitives par la cartographie occidentale impose un carcan à un mode de pensée plus flexible et fluide. Tobias (2000) a tenté de dépasser ce clivage en introduisant la distinction entre terres occupées et utilisées (générant des superpositions de cartes).
Voici ci dessous un texte à consulter sur la démarche de la cartographie des territoires autochtones:
Chapin, M., Lamb, Z. Threlkeld, B., 2005, "Cartographier les territoires autochtones", In: Annu. rev. Anthropol., 34, URL: http://www.iapad.org/publications/ppgis/chapin_cartographier_les_territoires_autochtones_fr.pdf
Hirt, I., 2009, « Cartographies autochtones. Éléments pour une analyse critique », in: L'Espace
géographique 2/2009 (Volume 38), p. 171-186.
III. Caractérisation des savoirs géographiques : des pratiques et des récits
Les pratiques : déplacements et activités
Des connaissances techniques
L’orientation
La reconnaissance du terrain
La maîtrise d’un vocabulaire géographique spécifique
La compréhension des écosystèmes
Un espace vécu, une pratique affective
La tradition orale
Une explication de l’Univers et de la vie humaine
Cosmogonies
Origines de la vie et de l’humanité
Mise en ordre du monde
Un mode d’emploi du territoire
Explications de configurations topographiques
Pratique du territoire
La géographie de l’espace vécu
La perception du territoire : essai de reconstruction
La part de la mémoire : de l’espace parcours à l’espace historique
Toponymes définies selon le peuple : distribution spatiale et problèmes d’interprétation
Répartition spatiale
Interpréter les toponymes, paroles
Modalités d’organisation du savoir
Une mobilisation conjointe des connaissances géographiques
Toponymies et récits
La part de la pensée animiste, chamaniste
L’expression du savoir géographique
Les catégories opératoires du savoir géographique
Un espace de relations
Un espace relatif
Un espace subjectif
Catégories géographiques, catégories culturelles
La structure de la langue
Une langue de la description, une langue particularisante
Une langue de la relation et de la subjectivité
L’organisme social
CCL
IV. Mutations contemporaines et savoirs géographiques
Des sociétés en profonde mutation : la fin des chausseurs cueilleurs, l’allongement des cycles de défriche brûlis…
L’adoption de nouvelles pratiques agricoles
La tertiarisation et les emplois salariés
Transformation des savoirs géographiques, transformation des relations au territoire
Crises des modalités traditionnelles de transmission des savoirs
Des savoirs menacés
Facteurs exogènes : développement des centres urbains
Implantation de centre missionnaires (toutes religions) => Processus de conversion religieuse
Développement territorial pour un désenclavement : introduction des services publics (écoles, hôpitaux, ANPE…) => abandon des modes de transmission traditionnels et développement de la dépendance à l’Etat, paupérisation par le chômage/ dépression/ alcoolémie… etc… déstructuration des liens sociaux et spatiaux…
Implantation d’entreprises privées : ONG, tours opérateurs (hôtellerie)
Implantation de commerces => L’abandon de certains savoirs-faire locaux : artisanat, tissage, ceuillette => abandon des capacités d’autonomies et d’autosubsistance
Processus de transformation sociale et spatiale
Disparition des milieux, disparition des langues = homogénéisations
Transformations sociales
Vers l’élaboration d’un nouveau savoir géographique
Retour aux sources
Patrimonialisation, muséification
Créations de réserves indigènes
Folklorisation et développment du tourisme
Réinvention de la tradition
Nouvelles pratiques de l’espace
Usage des transports collectifs, ou des transports privés
Développement industriel
Conclusion générale/ morale de l’histoire
Bibliographie :
Claval, P, 1995, La Géographie culturelle, Nathan, Paris
Collignon B., 1996, « Les Inuits : ce qu’ils savent du territoire », Editions Géographie et cultures, L’Harmattan, Paris
Frémont, A, 1976, La Région, espace vécu, Paris, Flammarion, 1976
Leroi-Gourhan, 1945, Milieu et techniques, Paris, Albin Michel
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire